Rien ne ressemble plus à une chaussure de sécurité qu’une autre chaussure de sécurité. Pourtant, ce détail textile et technique trace une frontière nette entre accident évité et blessure évitable. Pour de nombreux métiers, ce n’est pas une option, mais une obligation claire : protéger les pieds des travailleurs fait partie du contrat moral et légal de l’entreprise. Oublier cette réalité, c’est prendre des risques inutiles, tant pour la santé de chacun que pour la responsabilité de l’employeur. L’exigence du port de ces équipements s’enracine dans le droit, mais la mise en pratique demande d’aller au-delà du simple affichage réglementaire.
Les obligations de l’entreprise concernant l’utilisation de chaussures de sécurité
Dans de nombreux secteurs, le port des chaussures de sécurité ne relève pas du simple bon sens : il s’impose dès que la nature du poste l’exige. Quand ce seuil est franchi, l’employeur ne peut pas se contenter d’un rappel au règlement ou d’une simple note d’information. La loi, au travers de l’article L.4121-1 du Code du travail, le rend responsable, financièrement et logistiquement, de la fourniture, de l’entretien et du remplacement de ces équipements. L’entreprise doit donc non seulement équiper ses salariés, mais aussi s’assurer que ces chaussures restent adaptées et en bon état au fil du temps.
Le choix du modèle ne se fait pas à l’aveugle : il doit correspondre précisément aux risques identifiés sur le poste de travail. Imposer un modèle unique, sans concertation, expose à des erreurs de casting et à des protections inadaptées. C’est pourquoi la sélection s’effectue en dialogue avec l’utilisateur, afin de garantir un équilibre entre sécurité, confort et efficacité.
Les normes relatives aux chaussures de sécurité
Impossible de parler de chaussures de sécurité sans aborder la question des normes. Chaque paire utilisée dans un cadre professionnel doit porter la marque CE, gage de conformité aux exigences européennes, et être accompagnée d’un certificat de conformité. Ce n’est pas un détail administratif : c’est la garantie que l’équipement protège réellement son porteur.
La référence commune, c’est la norme EN ISO 20344, qui rassemble toutes les exigences minimales. Cette norme, établie par l’International Organization for Standardization, impose une série de tests stricts sur la résistance, l’ergonomie, et la capacité de protection de la chaussure. Pour choisir un modèle adapté, il ne suffit pas de regarder l’esthétique ou le prix. L’entreprise doit s’assurer que le produit respecte ces critères techniques et légaux. Pour ceux qui cherchent des modèles conformes, la sélection proposée sur Securimed.fr illustre les différentes options disponibles.
Les spécificités des chaussures de sécurité S
Parmi les multiples normes, la EN 345 S, aujourd’hui renommée EN ISO 20345, s’applique aux chaussures de sécurité à usage professionnel. Cette réglementation impose, entre autres, la présence d’une semelle antidérapante et d’un embout de protection capable d’absorber 200 joules, soit l’équivalent d’un objet de 20 kg chutant d’un mètre. Certaines activités exposent à des risques plus ciblés ; selon la nature du danger, d’autres caractéristiques peuvent s’ajouter au cahier des charges initial.
Les différentes catégories de chaussures de sécurité
Pour s’y retrouver dans la diversité de l’offre, il est utile de connaître les grandes catégories de chaussures de sécurité, chacune correspondant à un niveau de protection différent. Voici les principales distinctions à avoir en tête :
- Catégorie SB : embout de protection et semelle antidérapante constituent la base.
- S1 : ajoute talon fermé, propriétés antistatiques et absorption d’énergie au talon.
- S2 : reprend les atouts de la S1 en y ajoutant une résistance à la pénétration de l’eau.
- S3 : combine toutes les caractéristiques précédentes, avec en plus une semelle anti-perforation.
Les versions S4 et S5 concernent les bottes de sécurité. S4 reprend les exigences de la S1, tandis que S5 intègre également une semelle de marche à crampons, pour une accroche renforcée sur les sols difficiles.
Les différents marquages en fonction des protections supplémentaires
Un coup d’œil sur l’étiquette suffit souvent à comprendre le niveau de protection offert par une chaussure de sécurité. Les lettres apposées ne relèvent pas du hasard : chacune correspond à une caractéristique technique précise. Voici comment les décrypter :
- A : semelle antistatique
- E : talon absorbeur d’énergie
- P : semelle anti-perforation
- C : semelle conductrice
- WRU : résistance à la pénétration de l’eau
- CI : isolation contre le froid
- HI : isolation contre la chaleur
- HRO : résistance aux températures élevées
- ORO : prévention des glissades sur certains terrains
- SRC : semelle antidérapante renforcée
La norme relative aux chaussures de protection P
Autre référence à connaître : la norme EN ISO 20346 (ou EN 346 P), qui s’applique aux chaussures de protection. Cette catégorie conserve la même logique que la EN 345, mais avec une résistance aux chocs réduite à 100 joules. Les marquages y sont similaires, mais remplacent le « S » par un « P » : PB, P1, P2, P3, etc. Cela permet d’identifier d’un coup d’œil le niveau et la nature de la protection offerte, sans confusion possible avec les chaussures de sécurité traditionnelles.
Au final, choisir la bonne paire ne se limite pas à une question de confort ou d’esthétique. Derrière chaque chaussure conforme se cache tout un arsenal de normes, de tests et de responsabilités partagées. Un détail qui, sur un chantier ou dans un atelier, peut faire toute la différence. Après tout, une chaussure bien choisie, c’est un pas de plus vers une journée de travail sans mauvaise surprise.


